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"Un nombre infini de motifs" - Michèle Moreau nous raconte le papier peint

Michèle Moreau

Michèle Moreau, éditrice jeunesse chez Didier Jeunesse éditions, nous raconte le rôle du papier peint dans sa vie de jeune fille !


Un immense merci pour ce témoignage touchant et révélateur de l'importance des murs qui nous entourent. Illustrons-les ensemble, ils nous rendent créatifs, heureux et libres !



"Chacune des maisons de mon enfance est caractérisée par ses odeurs, sa lumière et ses papiers peints… J’étais fascinée, petite, par les fantasmagories que je pouvais y lire. Les répétitions d’un même motif qui ouvraient sur tout autre chose, les enchevêtrements provoqués par la juxtaposition des lés, le va et vient entre le détail et la vue d’ensemble… Mon regard pouvait s’y plonger pendant des heures. Surtout quand j’étais allongée dans mon lit, malade ou seule. Peut-être bien que j’y ai vu mes premiers films, que j’y ai vécu mes premières émotions artistiques.


Alors quand il s’est agi, je devais avoir 10 ans, de choisir la tapisserie, c’est ainsi qu’on disait, de ma future chambre, j’ai eu le souffle coupé devant l’énorme catalogue où étaient soigneusement rangés par gamme chromatique un nombre infini de motifs  !

Les matières, la texture même du papier que je n’arrêtais pas de toucher, l’envers et ses creux, les styles, du plus classique au plus psychédélique, ont provoqué une espèce de sidération… J’étais si démunie, je comprenais qu’il fallait me projeter dans l’espace de la pièce, passer du détail au grand.


Quel effort de représentation ! C’en était douloureux. Choisir, c’était aussi renoncer à tous les autres possibles…

M’imaginer grandir dans un univers déterminé, et qui se refermait, du coup, parce que je ne pourrai plus le changer, plus l’orner de mes posters favoris, mais qui m’ouvrait à la sensibilité esthétique du monde des années 70. C’en était fini des papiers peints des années 50, ou même d’avant, ceux que je voyais dans les maisons de mes grands-parents.  Je trouvais l’association vert, bleu et mauve du motif que j’avais choisi vraiment très moderne. Et j’étais fière de me démarquer ainsi du goût de mes parents. Même si ensuite, ce motif très chargé  posé  sur tous les murs de ma chambre m’a quelque peu oppressée. Et toutes ces teintes froides... plusieurs années plus tard, je ne pouvais plus le voir en peinture.


Ah ! Être moderne, ce n’était pas si simple...


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